Recension PROTEGEONS NOS ENFANTS DE LA PORNOGRAPHIE de Amaury Guilhem et Tanguy Lafforgue

Sorti au printemps dernier, le livre « Protégeons nos enfants de la pornographie » n’a vraiment pas eu la plage médiatique et l’accueil qu’il méritait dans les familles, les paroisses, les écoles, les associations de parents, étouffé entre le troisième confinement et la montée en puissance de la campagne vaccinale. Et pourtant, en voici une arme efficace de dissuasion (éducation) massive et de combat (traitement du problème en attrapant le taureau par les cornes)!

Tanguy Lafforgue et Amaury Guilhem ont effectué par leur expérience et leurs lectures un large travail étayé de sources médicales, sociologiques et statistiques toutes citées avec précisions, pour ceux qui voudraient creuser cette question si cruciale pour notre temps : « Le porno tue le sexe ! » « Le nombre moyen de rapports sexuels dans la population adulte a baissé de près de 20 % en vingt ans. Plusieurs causes en sont identifiées : le nombre grandissant de personnes ne vivant pas en couple, des modes de vie trop angoissants ou fatigants, la vie numérique et la pratique grandissante de la masturbation. » En dix chapitres, notre tandem de choc décrit le phénomène avec, à chaque fois, un témoignage éclairant et surtout un plan d’actions concret et très intuitif ! En tant que maman, j’ai été très sensible au défi de préserver la qualité de la future sexualité de mes enfants !!! « Il faut prendre conscience de ces effets [de la pornographie] à long terme pour nous mobiliser tout de suite. » car OUI, « La pornographie cause d’innombrables dégâts, comme des troubles sexuels, la perte de confiance en soi, des divorces, des phénomènes d’addiction, des dérives comportementales. »

 

Les auteurs veulent nous alerter car « Pour une personne habituée au porno, la relation réelle risque d’apparaitre comme ennuyeuse. » Le livre en explique très bien les raisons, par exemple en citant Michaela Marzano qui a écrit que « la pornographie est un obstacle supplémentaire dans la découverte de la sexualité humaine et de sa complexité. » Pour rappel, « On ne devient pas accro parce qu’on est intrinsèquement pervers. Il s’agit de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau pour mieux prévenir, déceler ou secourir une situation d’addiction. La pornographie entraine une sécrétion de dopamine largement supérieure à celle d’un rapport sexuel classique. Le cerveau est très malléable lors de l’adolescence d’où l’impact des premières expériences sexuelles, elles peuvent influer de façon très forte la personnalité, dix vingt ou trente ans plus tard. » Sans filtres ni ronds de jambes, nos auteurs dressent la liste noire des effets néfastes et tellement toxiques, souvent dissimulés, de la pornographie. « La pornographie n’est pas tant un problème parce que c’est mal mais parce que cela fait mal, à la fois à ceux qui la pratiquent et à ceux qui la regardent : mal à la santé, au sommeil, au regard, à la mémoire, à la capacité de concentration, à l’estime de soi, à l’exercice de la sexualité, aux relations conjugales, à la vie de famille ou à la vie en société. »

 

Courageusement, ils démontrent le lien vicieux entre l’écranphilie, l’omniprésence des réseaux sociaux, les jeux vidéo et le basculement dans l’addiction à la pornographie ! « 56% des personnes qui regardent du porno au moins une fois par jour passent plus de deux heures par jour sur les réseaux sociaux et 46% d’entre elles consacrent plus de deux heures aux jeux vidéo. » « Entourés d’écrans de réseaux sociaux et de jeux en ligne, les jeunes ne font plus la distinction entre le virtuel et le réel, il n’y a plus de filtres, et tous les milieux sont concernés. » « A cause de cette surconsommation, de cette hyper- accessibilité, de cette gratuité et de cette violence, la pornographie est devenue un problème de santé publique. » « C’est désormais à 11 ans en moyenne que les enfants voient pour la première fois des images à caractère pornographique. » « Nous, parents, souhaitons pour nos enfants une sexualité épanouissante au service d’une relation amoureuse vécue dans le respect mutuel. » Notre société, en cultivant la sensation émotionnelle recherchée et entretenue, entraine « Cette posture d’exhibitionniste-voyeuriste, que nous intégrons dans nos comportements au quotidien avec des contenus la plupart du temps inoffensifs, crée un terrain très favorable à la pornographie. Le regard, l’immédiateté, le plaisir, l’absence d’imagination sont autant d’éléments qui font le succès de la pornographie. » Il y a un lien entre l’addiction aux écrans et l’addiction à la pornographie. Les auteurs nous lancent un défi, apprendre à nos enfants à résister à cet exhibitionnisme ambiant par une utilisation modérée des réseaux sociaux. Il y a des canaux qui ne portent pas le nom de la pornographie mais qui sont tellement toxiques, TikTok, Instagram… les toilettes dans les lycées… ouvrons les yeux et réagissons, sortons de la léthargie dans laquelle on veut nous maintenir sous couvert d’être des parents « modernes » ou « à la page », il y a un vrai travail de résistance à faire au long cours. Cela n’est vraiment pas facile, mais c’est nécessaire et salutaire. « Le porno a tellement influencé les codes amoureux de la jeune génération que le fait d’envoyer des nudes fait désormais partie des jeux de séduction entre adolescents. »

 

Des témoignages percutants vous aideront à trouver les mots justes et à mettre en exergue la beauté de l’amour humain.

« Tout ne supporte pas la lumière. Il est des choses qui n’existent que dans le secret. L’amour qu’on fait, l’acte charnel par lequel on s’abandonne parfaitement à celle ou celui que notre cœur a élu, cet amour-là ne peut pas être vu sans être en même temps perdu. Le montrer c’est le manquer… L’étreinte amoureuse : elle doit rester secrète. Sinon elle n’est qu’une vulgaire performance. L’amour divulgué est vulgaire. » nous dit Martin Steffens.

Malheureusement, « L’idée selon laquelle le plaisir est un droit absolu et que tout est permis pour l’obtenir s’est donc largement installée dans la société. » Dans les phrases « prêtes à être dîtes », en fin de chaque chapitre, dans une petite rubrique en rose, on peut trouver celle-ci : « Il existe des photos et des vidéos qui veulent détruire la beauté de la relation sexuelle. Regarder ces images blesse notre cœur et abîme notre corps, qui peut en venir à ne plus fonctionner normalement. » « La violence fait partie des codes de la pornographie, elle est un outil par lequel l’homme parvient à obtenir de la femme la réponse à ses demandes, même les plus extrêmes… La pornographie entretient la brutalité entre les hommes et les femmes, la cautionne, la promeut comme si elle était la norme. Parce qu’elle divise, elle blesse, elle tue, elle est tout le contraire d’une sexualité destinée à unir et à réjouir. » « Etonnamment, rares sont encore les féministes qui osent dénoncer la pornographie… »

Si le constat est très attristant, ce livre nous donne surtout des moyens pour éduquer nos enfants sur le sentier escarpé de l’intégration réussie de la sexualité dans la personne !

« Plus le risque est grand, plus l’éducation est importante. L’enjeu est de créer un climat familial prenant en compte les besoins fondamentaux de l’enfant : aimer, être aimé, se réaliser, acquérir une vraie confiance en soi, savoir d’où il vient et où il va. La relation de confiance que les parents sauront établir avec leurs enfants vient répondre à toutes ces soifs de l’enfant. » Il y a grande, si grande nécessité d’assurer à nos enfants notre amour inconditionnel et illimité ! Ensuite, il y a nécessité de sanctuariser nos corps, de les considérer avec admiration et respect, parce qu’ils sont temple de l’Esprit mais aussi parce qu’ils nous permettent le don total et ultime à l’autre. « Notre intimité est un bijou autour duquel il s’agit d’organiser un écrin. Et cet écrin c’est la pudeur... Personne ne veut être considéré comme un objet ou aimé juste pour son corps. » Ainsi, il y a urgence à développer l’élégance et la pudeur dans nos foyers. « En encourageant le dévoilement du corps ou en se réfugiant dans un voilement intégral, on encourage les regards déplacés, qui soit n’arrivent plus à voir une personne habillée sans l’imaginer nue et provocante, soit ne la regardent plus, comme si elle n’existait pas. » Aidons nos enfants à ajuster leur regard, disons à nos enfants qu’ils sont beaux, que nous sommes fiers d’eux pour accroître leur estime d’eux-mêmes ; encourageons-les vers les plaisirs sains et simples, vers le sport, une passion artistique… « En parallèle de cet amour inconditionnel, les parents garderont toujours en tête qu’une véritable éducation intègre l’apprentissage de la frustration, pour éviter à l’enfant de grandir avec un sentiment de toute puissance. (…) Dire non à son enfant est un acte d’amour et cela commence dans les toutes petites choses. Eduquer à la modération dans le rapport à la nourriture, dès l’enfance est un excellent moyen de prévenir l’attirance pour d’autres plaisirs. » Pour veiller au respect de l’homme et de la femme, la rubrique « en action » donne de bonnes idées concrètes : cultiver la galanterie et encourager les saines amitiés garçons et filles, témoigner en tant que parents du respect homme femme… « Quatre qualité sont à développer : la prudence pour ne pas se mettre en risque, la patience, la persévérance qui invite à se relever après un dérapage, et la conscience de soi et des autres » : les vertus sont nos amies, nous les éducateurs, et savoir faire son examen de conscience est capital pour toute sa vie ! « L’amour s’exprime dans nos corps par des gestes délicats, pleins de tendresse, comme un baiser, une caresse, une main que l’on se donne en marchant. Ces petits gestes que chaque parent peut poser avec ses enfants sont l’occasion de lui donner le gout de la délicatesse et de la tendresse qui s’exprime par le corps. »

 

Exigeants, les auteurs nous demandent de la cohérence, ils ont tellement raison ! « Comme parents, appliquons-nous à vivre une belle sexualité au service d’une relation épanouie ; commençons donc par ne pas faire n’importe quoi avec la nôtre ! » C’est là que je mettrais l’unique petit bémol à ce nécessaire et salutaire livre, en page 21, il n’est vraiment pas juste d’écrire ceci à mon sens, « Avec à la clé [d’une véritable relation sexuelle qui implique toute la personne, avec son corps, mais aussi son cœur] la recherche commune d’un plaisir propre à faire grandir le sentiment amoureux et le bonheur d’une tendresse partagée. » Le but des unions conjugales n’est pas le plaisir, même recherché en commun, mais bien l’union profonde des époux, corps, cœurs et âmes entremêlés et donnés entièrement. Le plaisir vient en surabondance mais ne peut être recherché pour lui-même. Le plaisir jaillit, fugace, l’union, elle, est un fortifiant pour l’amour, qui demeure.

 

Nos auteurs, qui regorgent d’idées, invitent à la formation d’un groupe Facebook pour faire bouger les lignes, « Parents unis contre la pornographie », mettent en garde concrètement sur le droit à l’image, les contrôles parentaux, le hot aspirant qui avec « le pseudo-réalisme des images et leur effet sidérant et hypnotique vont empêcher le cerveau du jeune, en pleine période de maturation affective, de prendre de la distance avec ce qu’il voit. » Ils martèlent pour que nous martelions à notre tour, que tout est faux dans le porno, qu’un mineur peut être jugé responsable de la corruption d’un autre mineur…. En bonus, vous trouverez un descriptif très précis du marché du contrôle parental, selon que vous utilisez un ordinateur ou un smartphone, selon les technologies utilisées etc.

 

En bref, « Une véritable relation sexuelle se nourrit du désir, de l’attente, de la préparation. A l’inverse, la pornographie fait croire que les corps sont des machines à sexe, toujours prêtes à s’exciter. Une véritable relation sexuelle implique tendresse, complicité, fantaisie et demande du temps. A l’inverse la pornographie va vite et se focalise sur le génital. »

Si vous en êtes convaincus, foncez acheter ce bouquin et retroussez-vous les manches ! Il en va de l’avenir de la pleine humanité de l’homme !