Lettre d'un enfant à son Padre pour le Jeudi Saint

 

Padre,

 

On nous a fait écrire aux vieilles personnes enfermées dans les maisons de retraite, privées de tout contact, mais en ce Jeudi Saint, c’est à toi que je veux écrire, toi qui es séparé de nous.

En ce Jeudi Saint, nous devrions tous avoir le cœur joyeux de fêter la Première Communion des Apôtres et l’institution de ton ministère. Mais pourtant, je suis triste que tu ne puisses pas vivre ton Sacerdoce pleinement, avec nous tes paroissiens : c’est comme si tu étais en célibat géographique d’avec l’Eglise pour laquelle tu as tout donné. C’est pas la mort, hein, mon Papa part aussi en voyage en laissant maman toute seule. Mais au bout de quelques jours, elle commence à avoir les traits tirés, nous on en profite un peu aussi pour faire des coquineries, elle pleure pour un rien, et on voudrait bien l’aider mais on sait bien qu’elle ira mieux uniquement quand son cher mari sera rentré car il est son chemin de Sainteté et de bonheur. Oui ils s’écrivent et se téléphonent mais c'est pas comme quand ils peuvent se voir.

 

Toi Padre, c’est tout pareil, tu as les traits tirés aussi, tu te fais du souci pour nous et tu commences à trouver cette séparation temporaire éprouvante ; pourtant tu pries pour ta communauté paroissiale, tu offres des Messes à notre intention, tu leur envoies des messages, des petites vidéos, tu fais des apéros virtuels, tu as béni notre ville depuis les toits de ton église, toussa toussa c’est bien, mais tu es triste malgré tout. Car tu ne peux plus manifester ton amour concrètement dans le don de ta vie pendant la Messe avec nous, tu ne peux plus donner le très Saint Corps du Christ à tes fidèles affamés de Lui, et tu en souffres dans ta chair ! Que tu as mal !

 

Avec cette "covidémie", tu vas être content, nous avons tous compris vraiment fort que notre Foi est incarnée, que Jésus s’est incarné et que c’est toi qui peux renouveler cette Incarnation, de Messe en Messe. Et toi, le confinement te fait réaliser combien aimer ,par les Sacrements, les âmes qui te sont confiées nécessite… qu’elles soient là ! Regarde, tu en viens même à rêver des pieds de tes paroissiens que tu ne pourras pas laver ni baiser ce soir. Alors voilà, c’est pas grand-chose, mais je t’envoie les pieds de toute la famille en dessin, c’est mieux que rien ! Nous ne nous voyons pas mais nous faisons partie du même Corps, donc si tu souffres je souffre aussi, je voulais donc t’offrir quelque chose en ce jour de fête pour tous les prêtres pour diminuer un peu ta peine qui me peine.

Et t’inquiètes, on va bientôt revenir dans ton église !

 

Merci Padre pour le don de ta vie

Signé: Melchisédech, un petit paroissien qui ne râlera plus jamais pour aller à la Messe et courra se confesser avec bonheur.

#Padreonvousaime #vousnousmanquez #JeudiSaint