#CommissionSauvé Ce que vous ferez aux plus petits d'entre les miens

Cette lettre des évêques de France parue le 25 mars dernier, tout le monde l’a –t-il lue ? Non ? Alors voici quelques notes à la veille de la remise du rapport de la commission Sauvé.

En page quatrième, le constat est sans filtre : « Recensés sur une longue période et dans une population nombreuse, nous devons reconnaître qu’il y a là un fait social qui doit être regardé avec lucidité. Nous devons mobiliser nos forces, nos énergies, notre intelligence et notre volonté, pour créer une culture où de tels drames ne soient plus possibles, pour faire de l’Eglise une « maison sûre » selon l’expression du Pape François. »  Il sera intéressant de connaître la répartition des faits recensés par dizaine d’années, par localisation, par ramification de formation et de congrégation. Il est avéré aujourd’hui que des atteintes et abus ont été systématisés dans certaines communautés locales et séminaires. Les « figures considérées parfois comme exemplaires et inspirantes ont été démasquées. »elles ont entraîné de nombreuses victimes dans le marasme abusif qu’elles ont fabriqué et de surcroît, elles ont contaminé de nombreuses personnes consacrées ou non, mais à haut potentiel d’impact sur les personnes jeunes ou fragiles. Nos évêques écrivent que « La relation éducative peut se transformer en une relation de pouvoir et alors s’accompagner d’abus et d’une domination sexuelle. » Mais attention, si tous, nous pouvons chuter et trahir la chasteté liée à notre état de vie, manquer de pureté ne signifie pas obligatoirement attenter à la pudeur d’un enfant et le traumatiser à vie ! Il y a bien deux crans qui ont été enclenchés pour les trop nombreuses victimes, un manque de chasteté assorti d'un abus de pouvoir, ou sexuel ou de postition dominante.

« Ceignez-moi, Seigneur de la ceinture de pureté, éteignez en moi l’ardeur des passions ;

afin que demeure en moi la vertu de continence et de chasteté. »

Nombreux sommes-nous à attendre le 5 octobre la reconnaissance explicite qu’il y a des personnes connues pour être instables, des jeunes en mal-être, des jeunes pratiquant l’homosexualité, des hommes installés dans une double vie qui ont été acceptés au séminaire et ordonnés par défaut d’exigence, par faiblesse, par fausse charité et par appât du gain, le gain étant le remplissage des séminaires qui se vidaient.Qu’il y a des signes liturgiques du combat quotidien pour la chasteté, justement instaurés afin de raviver et encourager ce combat contre le défaut de chasteté, qui ont été suspendus ou mis en option à tort, par exemple le fait de nouer son cordon et d’énoncer la belle prière qui est dédiée à ce moment « Ceignez-moi, Seigneur de la ceinture de pureté, éteignez en moi l’ardeur des passions ; afin que demeure en moi la vertu de continence et de chasteté. » Qu’il y a également la formation en séminaire qui a pris un sacré coup lors des vindictes soixanthuitardes, l’enseignement n’y ayant pas été assuré avec l’approfondissement nécessaire du charnel en symétrie de la profondeur des déconsidérations et des attaques contre la sexualité selon le plan de Dieu. Enfin, qu’il y a eu la grande blessure, l’estafilade tranchante et fatidique du lien si intime entre union et procréation, dénoncée et prophétisée dans Humanae Vitae, entraînant relativisme, séparation du corps et de l’âme et donc propension à pratiquer des actes avec son corps que sa conscience réprouve.

 

En page cinquième, la gravité de tous ces manquements à la chasteté abusant des mineurs sont bien décrits : « En terme éthiques, ces agressions sont des actes contraires au commandement « Tu ne tueras point », car ce sont d’abord des atteintes à la vie dont l’impact ne disparait pas, et non pas seulement des manquements à la juste relation éducative de la part des adultes. » […]« commis par des prêtres ou des religieux, , de qui l’enfant ou le jeune attend légitimement la bienveillance et la bienfaisance du Christ lui-même, la vie de l’esprit Saint et la pardon de Dieu, de tels crimes prennent une force particulière, a fortiori lorsqu’ils sont commis dans un cadre sacramentel ou lorsque le prêtre est un ami ou un membre de la famille » « Le scandale devant Dieu n’est pas la perte de réputation d’une personne ou d’une institution mais le fait de faire tomber, d’abîmer un petit et de l’empêcher d’avancer vers la bonté du Père » p 6 Les évêques parlent de Jésus qui en notre chair a vaincu la mort, mais ne parviennent pas à prononcer le mot chasteté. Or il est bien la clé de voûte manquante ! « Nous exprimons notre reconnaissance aux consacrés qui se donnent chastement pour le service du Royaume de Dieu » La Chasteté est la grande oubliée, le gros mot ou le totem inatteignable , au choix. « Le Christ dont nous voulons être le serviteurs est le Seigneur infiniment chaste, infiniment respectueux des personnes en leur liberté la plus intime » p6 Toutes ces années, on a voulu réserver la chasteté aux religieux, alors que tous, nous sommes appelés à cette chasteté ! Les prêtres s’engagent au célibat sacerdotal qui inclue de facto l’abstinence liée à la chasteté des consacrés. Le défi pour nos prêtres est donc de vivre toute relation avec justesse, établissant la proximité nécessaire pour être en communion, en phase avec cette personne, ce jeune, sans mettre la main sur lui au point de l’enfermer, d’orienter sa vie, ou de se servir de lui… et en se protégeant de toute possibilité d’accusations fausses. La chasteté est le chemin qui consiste à vivre toute relation dans la pureté de l’amour qui se donne et se reçoit. Nos évêques disent vouloir « améliorer la formation initiale et continue des prêtres et de tous les acteurs pastoraux, surtout ceux et celles qui travailleront auprès des jeunes » en page neuvième: très bien. Mais j’ajouterai qu’un grand chantier de réhabilitation de la chasteté dans nos catéchèses, dans nos enseignements dans les formations est urgent et nécessaire ! Comptez sur vos doigts le nombre d’homélie où le défi de la chasteté a été abordé ! Un enfant qui a appris la chasteté, ce qu’elle signifiait pour lui, dans l’imitation du chaste Jésus-Christ, le comprend pour toute sa vie, et déploiera cette chasteté dans l’état de vie dans lequel il s’engagera. L’apprentissage de la chasteté est un sport d’endurance dans l’exercice de sa volonté ordonné au bien ardemment désiré. Et surtout, surtout, elle ne se décrète pas du jour au lendemain ni ne s’acquiert une fois pour toutes! Elle est le quotidien du chrétien.

 

La chasteté doit être le souci de tous pour soi et pour ceux qui nous entourent. Nous devons veiller les uns sur les autres, comme le dit Camille de Comme une mère aimante « Il convient donc à chacun de retrouver sa juste place. Les fidèles ne sont pas qu’un troupeau docile qu’il faut guider d’une main molle. Et les baptisés, passée la tempête liée à la révélation des abus, ne devraient pas se laisser bercer et endormir à nouveau, ce serait la meilleure manière de perpétuer la culture d’abus qui a sévi dans l’Eglise. Chacun devrait pouvoir prendre une part active dans l’Eglise et être les veilleurs du bon travail des serviteurs pour le bien de tous. » Pour cela, la délocalisation des dossiers et l’externalisation de la première écoute semblent évidentes à nombre d’entre nous. Car il est avéré que nombreuses affaires ont été tenues sous le boisseau car des personnes avaient de quoi faire pression sur d’autres : ces personnes se tiennent entre elles et il est encore plus difficile d’avouer plus tard d’avoir passé sous silence tel fait pour protéger telle personne. Nous devons veiller les uns sur les autres en usant de la force de la prière ! Marie à Pontmain a dit « Mais priez mes enfants, mon Fils se laisse toucher. » Prions-nous assez pour notre pureté et notre chasteté, la demandons-nous vraiment dans la prière, où sommes-nous résolument découragés ? Prions-nous assez pour la pureté et la chasteté des consacrés ? 50 ans après la publication de Paul VI d’Humanae Vitae, nous payons cher le prix de sa non-réception ! Car le cœur d’Humanae Vitae, c’est bien cette vertu de chasteté que tout chrétien est appelé à vivre, différemment selon les états de vie. Si nous ne désirons pas le bien, si nous ne sommes pas convaincus de son Bien-fondé, nous ne pouvons pas le vivre nous-mêmes ! « Le dynamisme, la vertu qui préside à l’humanisation de la sexualité, s’appelle la chasteté. Être chaste, c’est savoir épanouir pleinement ses désirs dans la ligne de sa propre vocation, et en fidélité avec le dessein de Dieu. C’est le refus de céder à l’anarchie des pulsions sexuelles. Il ne faut pas réduire la chasteté à la continence qui est l’abstention de l’acte sexuel. Par contre la chasteté est liée à la tempérance. » La chasteté comprend dans ses gènes la dimension sacrificielle du Christ mort par amour : c’est par amour pour l’autre que les époux vont chacun concourir à la chasteté de l’autre et désirer la vertu de chasteté pour eux-mêmes.

C’est par amour pour Dieu que les consacrés vivent une continence totale. La dissociation aujourd’hui entre les actes posés par le corps et les tréfonds du cœur et de l’esprit, réduit le corps à l’état d’objet, le déshumanise, engluant des milliers de personnes dans la non-chasteté. La chasteté est un défi pour l’Homme mais le rend pleinement Homme. Prions et offrons à cette intention car elle est nécessaire !

 

L’Eglise, blessée dans sa chair par les agissements de certains, ne veut plus des béquilles de bois et les pansements pour cacher les plaies, elle attend qu’on prenne le taureau et le malin par les cornes afin de réellement prévenir de nouvelles trahisons de l’ordre de la chasteté, et afin de guérir et écouter toutes les personnes blessées. Pour prévenir de tels agissements, remettons du bon sens pour aller dans le bon sens ! Arrêtons les confessions et directions spirituelles dans les bureaux, afin de protéger les deux bords, le prêtre et le pénitent.En effet, il est urgent de protéger les brebis de gestes impurs et blessants à vie, mais également les pasteurs d’allégations mensongères qui peuvent les pousser au suicide. Remettons tous ses miséricordieux et fructueux échanges spirituels dans les églises afin justement de témoigner de la Miséricorde Divine et de la présence agissante et guérissante de Dieu dans nos vies ! Montrons-la, montrons Dieu agissant à travers ses ministres. Dans notre éducation, transmettons l’amour de la vérité : si quelqu’un te demande de dissimuler des faits, surtout, viens les raconter à maman. Donnons une juste place aux accompagnants spirituels en mettant en place des règles de base de sécurité : tout ce qui se dit doit être racontable ensuite, la joie doit résulter de ces rencontres et on ne voyage jamais seul avec cette personne. La tiédeur est bien le mal de notre époque : « Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche . »  Le Sauveur nous fait réaliser le Bien, nous fait admettre son absence dans le mal, et nous rappelle qu’il n’y a pas un « truc intermédiaire » presque bien ou pas tout à fait mal. Apprenons cela à nos enfants, pour leurs actes futurs, mais aussi pour les protéger: Aucune personne ne peut s’arroger des entorses à la pureté sous prétexte de son aura, de son charisme ou de son amitié avec la famille. Apprenons à nos enfants que tous les chrétiens ont un combat spirituel à mener, et que ceux qui décident sciemment de tourner le dos au Christ et à ses commandements, sont de tristes et flagrants contre-témoignages qui desservent le Corps entier de l’Église en plus de traumatiser à vie ces personnes abusées.

Car nous sommes faits par Amour et pour l’Amour, nos prêtres entièrement donnés, avec cette radicalité de l’Amour de par l’abstinence totale qu’ils vivent, sont les admirables ambassadeurs du don et le témoignage vivant de l’amour du Christ pour nous.