Supplique au Nonce apostolique en France

Eminence, je prends la plume comme simple chrétienne, épouse et mère de famille qui a besoin que sa vie quotidienne et celle des siens soit sanctifiée pendant cette pandémie, avec cette pandémie. On m'a appris enfant, que quand le prêtre et l'évêque ne pouvait résoudre une situation, le maillon suivant, c'était vous! Je n'ai rien à perdre car j'ai perdu ce qui était essentiel à ma vie: l'Eucharistie et la Confession.

 

Votre récente arrivée et votre installation en France seront immanquablement marquées par la pandémie que nous vivons et par ce que vous ferez ou ne ferez pas pour nous. Si les dictionnaires d’aujourd’hui ont étendu le sens du mot religion, il évoque pour la plupart d’entre nous une transcendance et en déduit que la personne soit constituée d’un corps et d’une âme ! Or, la société actuelle sans Dieu ne prévoit rien pour l’âme à l’heure de la mort, et c’est toute la détresse communicative qui irrigue nos médias, journaux, conversations : l’heure de la mort signifie l’heure de la fin. « Méfions-nous du doux despote qui veut nous protéger de la mort à tout prix » nous dit Joshua Mitchell. Ainsi, les personnes sont vues uniquement comme des corps, à défendre coûte que coûte des virus, bactéries et autres miasmes, et de ce fait, tout dirigeant croit bien faire en interdisant tout rassemblement pour un temps illimité. Mais les médecins redoutent la force de la deuxième vague : comme par hasard, mi-juin sera le trentième jour de déconfinement… et donc il est presque prévisible que l’on nous dira que cela n’est pas raisonnable de redire des Messes publiques.

 

Nous devons vivre notre Foi avec le virus ! Car l’Eglise voit en chaque personne un corps et une âme, et l’on est alors obligé de prendre les deux en compte, comme le disait dernièrement si bien Monseigneur Rougé dans sa dernière interview pour l’Opinion : on ne peut donc pas faire abstraction de la nourriture spirituelle ! C’est comme si, à l'inverse, vous lisiez des livres très édifiants à une personne alitée en refusant de la nourrir, considérant que seule la nourriture de l’âme suffit ! Et c’est malheureusement ce qui est en train de se passer, la peur pour les corps fait oublier l’âme et notre transcendance, elle fait oublier Dieu ! A nous chrétiens de lui rendre sa place ! Les âmes doivent pouvoir être nourries ; à l ‘Esprit Saint d’inspirer à l’Eglise, prêtres et laïcs, des idées d’aménagement pour nous adapter à cette pandémie qui n’est pas finie, loin de là, nous allons donc devoir vivre avec ! Pratiquer notre Foi n’empêche pas d’installer les gestes barrières pour enrayer la propagation, mais nous avons besoin de nous abreuver à la Source, pour à notre tour abreuver et rayonner du Christ ceux qui nous entourent. Si nos pasteurs ne peuvent nous nourrir, nous le troupeau, nous serons plus fragiles aux attaques du malin, nous serons affamés et affaiblis car notre vie est en Christ, Il est notre nourriture pour toujours ! La Messe et les sacrements sont nécessaires à la vie divine que nous avons en nous, et aller à la Messe revient presque à cocher toutes les cases du fameux laisser-passer ! Pour le prêtre, il suffit de cocher la première case « déplacement professionnels ne pouvant être différés » car c’est son job de sauver des âmes ! Et il y a tant à faire, impossible de le faire en télétravail ! Pour nous laïcs, la Messe est de première nécessité pour notre âme, la Parole de Dieu nous console, et nous soigne, elle peut être dite en trente minute chrono, et c’est limite une mission d’intérêt général que d’y aller pour prier pour tous ceux qui en ont bien besoin, les malades mais aussi les sans -Dieu ! Quant à la Confession, elle est de première nécessité pour le déploiement de la grâce dans nos foyers, pour soigner notre âme avec le pansement de la Miséricorde et ne prend que quelques minutes. Bon, là, avec le confinement, les gros dossiers se sont entassés, ce sera un peu plus long avec les enfants attachés au totem, euh, à la lampe design… !

 

Mais voilà, la foi ne rapportant rien au PIB, on voudrait nous interdire notre vie cultuelle jusqu’à la mi-juin ! Jean Sevilla écrit dans le Figarovox du 23 avril que nous sommes en droit de réclamer l’autorisation de reprendre le chemin de leurs églises à partir du 11 mai ! Oui c’est un droit constitutionnel, en intégrant évidemment les gestes barrières. Alors, Eminence, acceptez de nous défendre auprès de l'Etat, car nous serions contraints d’aller au premier Leclerc venu célébrer nos Messes, au rayon moutarde (qui nous monte au nez), ou bien au rayon poissonnerie (pour bien affirmer l’ICHTUS), et baptiser au rayon des eaux minérales ! Pourquoi les lieux de cultes seraient plus dangereux et contagieux que la boulangerie du quartier, la grande surface alimentaire ou le lycée de ma fille ? L’Eglise de France est fille aînée de l’Eglise, elle a les ressources en elle pour être des créatifs de Dieu ! Nous sommes tous prêts à mobiliser nos talents et notre imagination afin d’imaginer les nouvelles attitudes sanitaires typiquement chrétiennes et à en sortir des procédures avec des schémas facilement applicables, comme en entreprise.

 

Voici les propositions générales :

- Tenir compte des disparités régionales, la Corrèze n'a pas les mêmes risques que l'Ile de France

- Constituer des groupes de fidèles guéris et les orienter vers les maisons de retraites avec des prêtres qui diront la Messe

- Tripler le nombre de Messes

- Arrêter les Concélébrations

- Dire aux personnes fragiles de rester chez elles et étoffer la pastorale des Porteurs de Communion

- Alterner en semaine Messe pour les malades (ceux qui ont des symptômes douteux, par exemple fièvre sporadique…), Messe pour les personnes fragiles (ceux qui sont âgés, ceux qui ont des pathologies connexes) et Messe pour les personnes qui sont guéries ou qui sont bien portantes.

- Le dimanche, réserver la première Messe de la matinée pour les personnes fragiles (personnes âgées)

- Dire la Messe en plein air dans les parcs épiscopaux, presbytéraux, et dans les cimetières (à noter que la Messe dans les cimetières est un grand signe d’Esperance, une bonne distanciation sociale en se répartissant entre les tombes et la manifestation visible de la Communion des Saints !

 

Pour l’aspect pratique, nous pouvons faire un tableau de bord de gestion pour les paroisses, voire une appli, intégrant toutes les données suivantes :

- Faire un plan d’occupation des églises respectant la distanciation sociale en retirant des bancs et en marquant les places utilisables sur chaque banc, en définissant des zones pour les personnes seules, les familles, avec des sens de circulation

- Organiser les invitations aux Messes et les inscriptions via des plateformes

- Organiser la mise en place des normes sanitaires : Nettoyage et désinfection entre deux célébrations, Filtrage à l’entrée : personnes inscrites, port du masque, prise température frontale, Mise à disposition de gel à l’entrée (voire de masques), Nettoyage des mains du célébrant avant la prière eucharistique et la communion, Mise à disposition de matériel pour les bénévoles (masques, gants…)

- Constituer des équipes de bénévoles pour le « Filtrage, plaçage, circulation… », pour le nettoyage et la désinfection, pour la logistique et pour la coordination

- Mettre en place un suivi pour évaluation et ajustement avec une montée progressive en puissance, l’anticipation des situations limites et la réponse à apporter, l’évaluation du respect des règles et les points d’achoppement, identification des lieux de transgression pour apporter des réponses

 

Je prie le Père Jacques Hamel, assassiné lors du Saint Sacrifice de la Messe en Normandie, il y a bientôt quatre ans, afin que nous puissions reprendre le chemin de nos églises, et du Ciel le 11 mai et proclamions la gloire de Dieu ! Soyez assuré, Votre Eminence, de ma prière pour vous.